Article publié par l'hebdo 17, le 26/02/2009

Le contournement de Rochefort fait polémique

On parle depuis 10 ans d'une route qui contournerait Rochefort. Aujourd'hui, qu'en est-il ? Le tracé est-il établi ? Le dossier est-il ficelé ? L'équilibre des enjeux environnementaux et économiques a-t-il été pris en compte ? Seule certitude : le dossier vient de ressortir quand un Échillaisien s'est rendu compte par hasard qu'il était très concerné par la nouvelle route. L'intérêt qu'il y porte dépasse désormais sa préoccupation personnelle ; il souhaite faire réagir citoyens et élus sur ce projet qu'il juge 'injustifié et destructeur'.

C'est tout à fait par hasard que Laurent Gatineau, agriculteur et propriétaire des Écuries de l'Aubrée, centre équestre bien connu des amateurs de chevaux situé à Échillais, a eu connaissance de cette route 2 x 2 voies qui allait diviser sa propriété. Une des rares, il faut le préciser, abritant une forêt en Pays rochefortais.
Depuis, Laurent Gatineau lutte, non plus seulement pour l'impact de la route sur sa propriété mais pour informer ses concitoyens et pour prouver l'effet destructeur sur le patrimoine et sur l'environnement de cette route.

Une route, pour quoi faire ?

La justification de cette nouvelle infrastructure est multiple : « le pont du Martrou est saturé », dit-on. « Depuis 1992, de 15 000 passages par jour, on est passé à
35 000 », confirme Henri Sanna, maire d'Échillais, soit 7 % par an d'augmentation de la circulation. Et il y a l'aéroport qui va venir s'installer à St-Agnant pour devenir l'aéroport départemental. Sa venue est soumise à deux conditions : il doit être à 30 mn de La Rochelle et son accès doit être simplifié. Il y aura une zone artisanale près de cet aéroport, qui doit être facilement desservie par les camions ; il y a aussi les petites zones artisanales de communes au sud de la Charente qui pourraient également profiter de cette nouvelle 2 x 2 voies pour améliorer leur développement économique. Bref, Henri Sanna résume sa position sur le sujet : « oui, cette route est nécessaire pour desservir le futur aéroport, pour desservir également la zone artisanale de L'Houmée et pour désengorger le pont du Martrou » mais cependant, il restera intraitable sur « la préservation de l'activité du centre équestre et de la forêt environnante. »

À la quête d'infos...

« Difficile d'être clairement informé », selon Laurent Gatineau. Il a été reçu par le conseil municipal d'Échillais, mais par personne d'autre. Il a tenté de rencontrer des élus du Département, sans succès jusqu'à présent. Il reproche le brouillard dans lequel est scrupuleusement maintenu ce projet, mais il persiste dans sa recherche d'en connaître la consistance : il le juge coûteux face à la destruction d'un environnement si précieux. Après avoir créé l'Association de défense du canal de la Bridoire, qu'il fallait mettre en place juridiquement avant l'enquête publique pour que son action ait une valeur, il a lancé un blog dans le but d'informer le plus grand nombre de personnes. Chaque jour, le blog est consulté par de nombreux internautes et les soutiens se multiplient. Il s'insurge : « il apparaît invraisemblable aux citoyens et contribuables que nous sommes que les autorités départementales se positionnent en faveur d'un tracé sans aucune concertation, sans réunion publique alors que la route aura des impacts environnementaux majeurs. »
La concertation doit venir du Conseil général
Henri Sanna réclame l'intervention du Conseil général, maître d'ouvrage dans ce dossier, pour venir expliquer et discuter le projet devant son conseil municipal, dans un 1er temps, avant d'y associer les riverains : « c'est vrai que le conseil municipal n'a pas encore été saisi de façon officielle, regrette-t-il, sans doute parce que le tracé est toujours à l'étude et que nous n'avons toujours que des variantes ». D'ailleurs, la dernière ne satisfait pas le premier magistrat de la commune : « même si la dernière variante ne traverse pas le centre équestre, je ne souhaite pas du tout que des bois soient dégradés... » ; selon lui, le tracé pourrait être légèrement déplacé vers le sud, de façon à ce qu'il passe sur la carrière : « je souhaite qu'il y ait le moins de casse possible sur ma commune », affirme Henri Sanna.

D'autres alternatives ?

Robert Héronneau, maire honoraire d'Échillais, s'oppose dans une lettre ouverte à cette nouvelle route et préférerait une étude sur l'aménagement de la route existante :
« élargir les voies existantes, améliorer les ronds-points ou les remplacer par des ouvrages revient-il plus cher que de réaliser une nouvelle voie avec tout ce que cela comporte ? » D'autant, souligne-t-il, que le détour par Échillais et St-Hippolyte ajoute 15 km au trajet vers La Rochelle. Et aussi, à propos du Pont du Martrou : « réaliser des voies piétonnes et deux-roues en accord avec ce projet d'encorbellement déjà envisagé, cela améliorerait le flux de circulation et la sécurité de ceux-ci. »
Gérard Garder, responsable local des Verts du Pays rochefortais, renchérit sur le refus d'une nouvelle route : « on ne peut pas accepter une 2 x 2 voies qui va traverser notre pays, en plus d'un aéroport devenu départemental... Où seront tranquillité, qualité de vie tant prônées par les acteurs du tourisme ? ». Pour le groupe qu'il représente, une seule solution qui va dans le sens des préoccupations environnementales dont il est beaucoup question en ce moment : « le tram train de La Rochelle à St-Agnant via Tonnay-Charente, St-Hippolyte et Échillais, qui permettra de relier les facs, les centres administratifs, les centres culturels rochelais, les entreprises... à toutes nos communes rurales, en préservant notre environnement des émissions de CO2 et le pont du Martrou de son engorgement ! » Et là, on se rapproche des fameuses 30 mn recherchées pour relier La Rochelle à St-Agnant !
La balle semble être dans le camp du Conseil général : il va falloir sortir les plans et les chiffres, informer et discuter, l'attente est là de toutes parts.